Communiqué de presse
Parmi les frais à payer tout au long de l’année scolaire, c’est le coût des voyages scolaires qui met le plus les familles en difficulté. Jusqu’à présent, il n’existait pas de données précises sur les pratiques des écoles. La Ligue des familles a mené une enquête auprès de 1881 familles pour connaître les types de voyages organisés, les attentes des parents et aider à la décision politique. A partir de là, elle propose plusieurs pistes réalistes pour plafonner le coût des voyages scolaires tout en permettant l’organisation de séjours de qualité – une mesure attendue par plus de deux tiers des parents.
41% des parents ont des difficultés à payer les voyages scolaires
Depuis des années, le plafonnement du coût des séjours pédagogiques est sur la table du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, sans succès. Le nouveau gouvernement s’est, lui aussi, engagé à travailler sur cette question. Il est temps d’aboutir ! Parmi les différents frais liés à l’école, ceux des voyages scolaires sont les plus problématiques : ils mettent 41% des parents en difficulté financière.
L’équation est complexe : il s’agit de trouver un montant soutenable pour les parents mais qui permette d’organiser des voyages de qualité. Jusqu’à présent, on manquait de données précises relatives aux voyages organisés par les écoles et à l’opinion des parents, ce qui ne facilitait pas la décision politique. La Ligue des familles s’y est attelée et a interrogé 1881 familles en mai et juin 2024.
En moyenne, les écoles organisent 2 voyages en primaire et 2 voyages en secondaire
En moyenne, les écoles organisent deux voyages sur le cycle des six années de primaire et deux également sur les six ou sept années de secondaire. Il est à noter que les écoles concentrant les familles plus aisées organisent davantage de voyages que les écoles fréquentées par des familles précaires, et que les élèves de l’enseignement qualifiant partent moins que ceux de l’enseignement général.
Les séjours très lointains, minoritaires mais existants
Les élèves partent le plus souvent en séjour en Belgique, sauf le voyage de rhéto qui a lieu ailleurs en Europe dans 94% des cas et hors Europe dans 3% des cas. Les voyages très lointains concernent une petite minorité d’écoles mais la Ligue des familles en constate chaque année. Quelques répondants à l’enquête ont cette fois signalé des séjours aux Etats-Unis et en Chine.
En 6e primaire, 41% des enfants partent en classes de neige tandis que 59% vivent une autre forme de voyage.
Les trajets se font en bus dans près de 80% des cas. Le recours au train (11%) et à l’avion (7% - mais 28% pour le voyage de rhéto) est moins fréquent. Dans 3% des cas, l’école demande aux parents de conduire leurs enfants sur le lieu du voyage.
En moyenne, un voyage coûte 242€ en primaire et 421€ en secondaire, avec de fortes variations
Si, en moyenne, un voyage scolaire coûte 242€ en primaire, on constate des prix très différents pour les voyages de début et de fin de cycle. Les voyages organisés de la 1re à la 4e année coûtent en moyenne 165€. Ceux organisés à titre de voyage de fin de cycle, en 5e ou 6e primaire, coûtent en moyenne 380€ mais avec de fortes variations, 25% des voyages coûtant 600€ ou plus.
En secondaire, les séjours sont plus onéreux : 421€ en moyenne. Les séjours organisés de la 1re à la 5e année coûtent en moyenne 337€ et les voyages de rhéto, 624€ (mais 750€ ou plus dans 25% des cas). Les voyages en avion sont les plus coûteux (en moyenne 742€, tandis que les voyages en car et en train coûtent respectivement 331€ et 326€).
Certaines familles ont dû faire face à des prix bien plus élevés : pour un seul enfant, la contribution demandée par l’école dépasse parfois allègrement les 1000€ pour aller jusqu’à 1800€ voire même 2300€ !
Des frais supplémentaires à prévoir pour les repas et l’équipement nécessaire
En plus du coût du voyage, dans près d’un tiers des cas (31%), les parents doivent ajouter un budget pour les repas des enfants pendant le séjour. A partir de la 3e secondaire, c’est même demandé dans deux tiers des cas, pour un coût de 18€ par jour de voyage en moyenne.
Le coût de l’équipement requis vient aussi alourdir la facture. C’est particulièrement le cas pour le voyage de fin de primaire : un parent sur deux a dû acheter des vêtements de ski ou un autre matériel. Les familles à bas revenus, qui partent aussi moins en vacances, ont plus fréquemment dû acheter du matériel spécifiquement pour le voyage scolaire.
En secondaire, 1 enfant sur 10 ne part pas en voyage scolaire à cause du prix
Si le coût des séjours met de nombreuses familles en difficulté, dans certains cas, il empêche même les enfants de participer à ces voyages. En primaire, 1 enfant sur 18 ne participe pas à un voyage scolaire à cause du prix. En secondaire, c’est 1 sur 10.
Les marches parrainées et ventes de gaufres, jugées positives mais insuffisantes par les parents
Dans 6 cas sur 10, l’école prend des initiatives type marches parrainées ou ventes de gaufres pour réduire le coût du voyage. Les opinions des parents sont contrastées à ce sujet : ils estiment majoritairement que ces initiatives sont positives pour assurer une solidarité, mais insuffisantes pour faire face au coût des voyages. En commentaire libre dans notre enquête, les parents, surtout de familles nombreuses, relèvent la difficulté à demander fréquemment de l’argent à son entourage pour l’école, le mouvement de jeunesse, le club de sport… de chaque enfant.
Les fonds de solidarité des écoles, méconnus et peu effectifs dans les écoles à faible indice socio-économique
Alors que les écoles sont censées organiser un fonds de solidarité pour financer les voyages, près de la moitié des familles (46%) ne sont pas au courant de cette initiative et 18% indiquent que rien de tel n’existe dans leur école. Les parents à bas revenus sont plus nombreux à indiquer qu’il n’y a pas de fonds de solidarité dans l’école de leurs enfants.
Cela peut s’expliquer par le fait que dans les écoles à indice socio-économique faible, où plus de parents ont besoin d’une aide financière, il y a aussi moins de parents à même d’alimenter un fonds de solidarité. Fait notoire, un parent sur dix qui aurait besoin d’un fonds de solidarité n’y a pas recours alors que l’école en met un en place. Les difficultés à faire état de sa situation personnelle auprès de la direction et le sentiment d’humiliation que ces démarches génèrent expliquent pour beaucoup l’ampleur de ce non-recours aux fonds de solidarité.
2 parents sur 3 souhaitent un plafonnement du coût des voyages scolaires
Un plafonnement du coût des excursions et voyages scolaires est déjà effectif dans l’enseignement maternel, à l’initiative de l’ex-ministre Marie-Martine Schyns (Les Engagés). Les parents sont très majoritairement demandeurs qu’il en soit ainsi en primaire et en secondaire également. 64% des parents, près de deux sur trois, souhaitent un plafond et 15% n’ont pas d’avis tranché. En moyenne, ils souhaitent fixer le plafond à 482€ pour les six années de primaire et à 737€ pour les six années de secondaire.
La Ligue des familles soumet au gouvernement plusieurs pistes pour fixer un montant raisonnable
La Ligue des familles appelle à plafonner le coût des voyages. Dans son étude, elle soumet au gouvernement plusieurs pistes pour fixer un montant raisonnable, qui évite les coûts excessifs tout en permettant l’organisation de séjours de qualité. Les séjours pédagogiques font partie intégrante de l’apprentissage et doivent inclure tous les enfants, quelle que soit leur situation familiale.
- Pour fixer le plafond en primaire, il est possible de s’appuyer sur celui d’application en Flandre (535€) et sur le montant souhaité par les parents (482€). Si l’on considère le coût moyen actuel des séjours identifié via cette enquête, un plafond fixé à 527€ permettrait d’organiser un court voyage de milieu d’études et un voyage plus long en 5e ou 6e primaire.
- En secondaire, les parents estiment donc le montant juste à 737€. Il faudrait toutefois un plafond de 903€ pour permettre un court séjour en milieu de secondaire et un voyage plus long en rhéto aux prix moyens actuels.
Ces montants relativement élevés – plus élevés que ce que demandent les parents – sont ceux qui permettraient de continuer à organiser deux voyages par cycle de six ans, comme le font en moyenne les écoles, en tenant compte des tarifs actuels, notamment du coût du transport qui a augmenté ces dernières années.
Ils permettraient de lutter contre les pratiques excessives mais ne donneraient pas à tous les enfants l’opportunité de partir en voyage scolaire. La Ligue des familles appelle donc en parallèle à un fonds de solidarité organisé au niveau de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour aider les familles à bas revenus.