Prise de position

La Ligue des familles a mené une étude mandatée par la ministre de l’Enfance sur les structures d’accompagnement à la parentalité en Fédération Wallonie-Bruxelles, en collaboration avec dix associations actives dans le domaine*. Constat : ce secteur, particulièrement éclaté, fait face à un manque structurel de moyens qui mine le travail des services au quotidien.
Le questionnement auquel tente de répondre la Ligue des familles dans son rapport est double. Comment d’une part assurer une reconnaissance et une cohérence plus forte au secteur, sans rien hypothéquer de la pluralité qui en fait sa richesse et qui est d’ailleurs revendiquée haut et fort par les services ? Comment ensuite renforcer le financement du secteur et lui garantir une pérennité ?
Renforcer l’identité du secteur sans rien perdre de sa richesse
Il existe aujourd’hui sur le territoire de la Fédération Wallonie-Bruxelles plus de 250 structures qui, d’une manière ou d’une autre, offrent un service d’accompagnement à la parentalité. Ces structures sont extrêmement diversifiées, tant dans la création de leurs projets (initiatives citoyennes ou partenariats variés d’associations) que dans les missions exercées, les modalités d’action concrètement mises en œuvre pour les réaliser ou les publics visés (familles en situation de séparation, en exil, monoparentales, précarisées, etc.).
Cette hétérogénéité continue de croître lorsqu’on s’attache à examiner les différents types de reconnaissance (existence de fait ou formes diverses d’agréments), ainsi que la multitude des subventions allouées (sources et montants des financements très disparates). En vue d’élargir et renforcer le secteur, la Ligue des familles plaide pour une clarification de sa définition et de ses missions par le biais d’un agrément commun qui permette de développer une identité collective, tout en restant suffisamment souple pour ne rien perdre de sa richesse et de son innovation sociale.
Une matière transversale… et centrale !
L’éclatement du secteur est aussi le reflet de celui des pouvoirs publics en charge des matières auxquelles touche la question de l’accompagnement à la parentalité. Celle-ci est en effet transversale - devrait-on dire centrale ? - et au carrefour de multiples compétences.
Notre proposition : un système de reconnaissance et de financement plus pérenne du secteur permettant de garantir un accompagnement de qualité des familles sur le long terme
La Ligue des familles plaide donc pour une reconnaissance concrète du caractère transversal de l’accompagnement à la parentalité ainsi que pour le décloisonnement des politiques qui l’encadrent, notamment par le développement de partenariats constructifs entre plusieurs ministres ou niveaux de pouvoirs. La mise en œuvre d’une politique concertée et coordonnée d’accompagnement à la parentalité reste en effet la meilleure manière de lutter préventivement contre la fragilité, la vulnérabilité et la précarité des familles de manière efficace et cohérente.
Des financements renforcés et pérennes
La complexité des montages financiers qui permettent aux structures de (sur)vivre est impressionnante. Dès leur création, les services doivent faire face à une série de besoins humains, matériels et administratifs qui, en l’absence d’un cadre clair, les amènent à aller « toquer à toutes les portes », du public comme de l’associatif et du privé, pour obtenir les quelques queues de financement qui leur permettent d’initier puis consolider leur projet.
Le renouvellement annuel et aléatoire des financements et la précarité d’emploi des travailleuses et travailleurs qui en est la conséquence sont aujourd’hui les principaux problèmes auxquels font face les associations. Cette insécurité permanente à des effets pernicieux multiples : non seulement elle met à mal le travail avec les familles et freine l’innovation sociale, mais elle met également en péril le bénéfice de l’expérience acquise sur le long terme et parfois l’équilibre d’équipes qui fonctionnent bien.
La proposition d’agrément et financement élaborée par la Ligue des familles constitue un premier pas vers des subsides plus substantiels et pérennes qui permettent de garantir à moyen terme le minimum vital aux associations. Ces propositions avancées par la Ligue des familles ont pour objectif de répondre rapidement aux enjeux soulevés tout au long de l’étude. Elles ne satisfont cependant pas encore pleinement les autres recommandations ambitieuses formulées dans le rapport. Celles-ci demandent une concertation plus large et le développement de solutions structurelles en vue de consolider l’avenir du secteur, pour que les associations puissent continuer à proposer un accompagnement de qualité aux parents sur le long terme.
* Le Babibar, l’Espace parents dans la séparation de Charleroi (en concertation avec le réseau inter-Espace parents), Hamac, la Maison des parents solos, la Maison Source, Parentine, Parents en exil, le Petit vélo jaune, Pré-en-bulle et Transkids.