Analyse
Les images des naufrages des embarcations de fortune des personnes qui espèrent gagner l’Europe, la mort de la petite Mawda, la situation sanitaire déplorable des hommes et des femmes se réfugiant dans la gare du nord, les vidéos de la police qui jette les sacs de couchage et les sacs à dos des migrant·e·s dans des camions poubelles… ont interpellé les Belges sur la situation et les conditions de vie de ces êtres humains.
C’est surtout la situation des migrant·e·s dans le campement du parc Maximilien qui a suscité un incroyable élan de solidarité entre les citoyens et les migrant·e·s . La Plateforme citoyenne de soutien aux réfugié·e·s coordonne depuis de nombreux mois l’hébergement de ces personnes vulnérables qui ont besoin d’un refuge[1]. Beaucoup de familles ont décidé de participer à cet acte de solidarité et considèrent qu’il est de leur devoir d’héberger ces personnes qui ont fui leur pays d’origine. Les hébergeurs ont d’ailleurs décidé ne plus parler de migrant·e·s mais d’« invité·e·s ». Les témoignages recueillis par la Ligue des familles soulignent qu’il s’agit d’une formidable expérience, d’un échange culturel et qui permet de créer un projet humanitaire avec les membres de sa famille[2]. Les parents et les enfants sont confrontés à un bouleversement de leurs habitudes familiales et doivent faire face aux récits dramatiques de leurs invité.e.s. De plus, il faut parfois trouver les mots justes pour expliquer aux enfants les raisons pour lesquelles une personne peut être envoyée en centre fermé alors qu’elle n’a rien fait de mal.
La Ligue des familles est convaincue que les familles qui ouvrent leur maison à ces hommes, ces femmes et ces enfants sont forcément du bon côté de l’histoire[3]. Le procès des hébergeurs et le dépôt d’un projet de loi sur les visites domiciliaires ont forcément soulevé des nombreuses questions auprès des parents qui ont choisi d’héberger une personne en situation de séjour illégal. L’arrestation d’une journaliste devant ses enfants et détenue préventivement durant deux mois a inquiété certains parents et leurs enfants.
Notre analyse a pour objet de rassurer les familles et va tenter de définir les lignes rouges à ne pas franchir pour éviter tous problèmes avec les autorités judiciaires. Certains partis politiques semblent clairement avoir pour objectif d’effrayer les personnes qui souhaitent héberger des migrant.e.s pour se montrer solidaires.
La Ligue des familles plaide pour que l’application de la loi sur le séjour des étrangers cesse de créer la confusion au sein des familles qui hébergent et d’intimider les citoyens qui voudraient apporter leur aide aux sans-papiers. Il y a lieu de clarifier le champ d’application de la loi sur les étrangers. La Ligue des familles s’oppose à la criminalisation de la solidarité de milliers de citoyens qui ont apporté un peu d’humanité aux personnes qui ont un parcours migratoire difficile.
De plus, la Ligue des familles conteste fermement le projet de loi sur les visites domiciliaires. Il s’agit d’une violation de la vie privée et familiale, de l’inviolabilité du domicile et de l’intérêt supérieur de l’enfant pour mettre en œuvre une politique d’éloignement.
[1] Site internet de la Plateforme : http://www.bxlrefugees.be/.
[2] Le Ligueur, « Des migrants à la maison : un nouvel équilibre à trouver », 4 décembre 2019, p. 6 et 7.
[3] Le Ligueur, « Migrants : les questions des parents qui accueillent », 13 juin 2018, en ligne : https://www.laligue.be/leligueur/articles/migrants-les-questions-des-parents-qui-accueillent.