Prise de position

En novembre 2020, via des recommandations très concrètes, la Ligue des familles se faisait le relais des besoins exprimés par les familles confrontées à un décès. Depuis, des améliorations ont vu le jour (allongement du congé de deuil, allocation de transition en passe d’être renforcée), mais, près d’un an plus tard, ces familles demeurent peu soutenues.
La Ligue des familles est retournée à la rencontre de parents confrontés au décès de leur conjoint. Ce décès plonge l’ensemble de la famille dans une grande fragilité financière, mais aussi psychologique. Or, le soutien psychologique est largement inaccessible aux familles concernées et cela malgré une évolution positive du protocole de remboursement. « Avec les soins psychologiques, à cause du côté financier, on ne peut pas se dire tranquillement ‘Allez, j’y vais’ », nous a expliqué Nathalie, maman de deux enfants de 10 et 14 ans dont le mari est décédé inopinément il y a deux ans.
► Le coût du suivi psychologique : un frein à un besoin pourtant fondamental
Toutes les personnes concernées par le décès de leur conjoint que nous avons rencontrées ont exprimé le besoin de pouvoir bénéficier d’un suivi psychologique pour elles et leur(s) enfant(s). Toutefois, l’impact financier que représente ce suivi constitue un véritable obstacle.
Ne sachant pas tout combiner financièrement, les familles ont dû faire des choix entre les besoins immédiats de leurs enfants : les inscrire à une activité extrascolaire, prendre une baby-sitter pour avoir un peu de relais après 16h ou aller à une séance chez le psychologue. Cela a aussi amené deux familles sur trois à demander aux psychologues de diminuer leur tarif afin de pouvoir bénéficier des soins dont elles et leurs enfants avaient besoin.
► Un manque criant d’informations
Les familles rencontrées ont cruellement manqué d’informations concernant le suivi psychologique disponible, en particulier pour leurs enfants. Cela a concerné tant le fait de trouver des psychologues/psychiatres/pédopsychiatres œuvrant sur le terrain que des lieux où les suivis pouvaient avoir lieu. Les familles ont également manqué d’informations concernant ce à quoi elles pouvaient prétendre en termes de remboursement.
► Le remboursement des soins psychologiques reste insuffisant
À partir de 2022, les patient·e·s auront directement droit à huit séances de soins psychologiques - dix pour les enfants, adolescent·e·s et jeunes adultes - et ne devront plus passer par le généraliste pour obtenir une prescription.
Dans l’ensemble, cette réforme devrait permettre d’améliorer l’accès des familles endeuillées à un soutien psychologique. Mais pour la Ligue des familles, plusieurs éléments restent particulièrement problématiques.
► Une minorité de psychologues reconnus
Pour pouvoir être remboursées, les familles doivent obligatoirement consulter un·e psychologique conventionné·e, actif/active dans un réseau de santé mentale. Or le nombre de psychologues conventionné·e·s reste trop faible, la plupart des soins psychologiques resteront donc non remboursés.
► La part restant à charge du patient
Le patient devra dans tous les cas débourser 11€ (4€ pour les BIM). Une somme qui, multipliée par deux, trois ou quatre membres de la famille, finit par peser lourdement sur le budget de familles. Celles-ci sont déjà fragilisées financièrement vu la perte d’un revenu du ménage ou les coûts immédiats liés au décès (dont les funérailles).
► Le nombre de séances remboursées qui n’augmente pas
Le nombre de séances remboursées (huit) ne change pas par rapport au dispositif précédent, avec le risque que des personnes arrêtent leur suivi parce qu’elles ne sont plus en mesure de payer les séances suivantes.
► L’accès inexistant à l’information
Les familles ignorent pour la plupart qu’elles doivent passer par un·e psychologue conventionné·e pour être remboursées. Même si elles le savent, encore faut-il qu’elles sachent où trouver la liste des psychologues concerné·e·s.
LES RECOMMANDATIONS DE LA LIGUE DES FAMILLES
La Ligue des familles appelle le gouvernement à augmenter le budget consacré aux soins psychologiques pour que davantage de psychologues proposent des séances remboursées et pour diminuer la part restant à charge du patient, de la patiente. Il est important aussi de permettre un meilleur accès à l’information relative aux conditions de remboursement ainsi qu’aux professionnel·le·s qui œuvrent sur le terrain (avec un point d’attention particulier pour les tout-petits). Une plateforme en ligne et une prise de contact systématique avec les familles endeuillées devraient être mises en place à cet égard.
Enfin, la Ligue des familles plaide pour un meilleur soutien financier pour les associations qui accompagnent les familles suite à un décès. Ceci afin de permettre un réel accès aux services qu’elles proposent sur l’ensemble du territoire.