Analyse

L’accueil de la petite enfance et les familles durant la crise sanitaire du coronavirus

Quels enseignements tirer de cette situation inédite pour l’avenir ?

Face à la menace que constitue le Covid-19, les responsables politiques ont pris une série de mesures afin de limiter la propagation de la maladie. Ainsi, l’ensemble de la population a été contrainte de limiter ses déplacements et à rester, dans la mesure du possible, confinée à son domicile et à télétravailler.

L’accueil de la petite enfance a été considéré comme prioritaire pour permettre au personnel actif dans les autres secteurs cruciaux, comme celui de la santé de 1re ligne, de pouvoir continuer à travailler. Il est donc dans un premier temps maintenu dans une activité normale, avant de se retrouver placé sous un régime proche du service minimum, la ministre Bénédicte Linard invitant les parents à « faire preuve de civisme » en gardant leur(s) enfant(s) à leur domicile.

Une situation difficilement tenable de manière prolongée pour les parents en télétravail, confrontés à de doubles journées où ils doivent simultanément s’occuper de leurs enfants et assurer des prestations professionnelles.

De son côté, le secteur des milieux d’accueil a cependant rapidement été confronté à des difficultés importantes de financement. Sur le terrain, plusieurs structures d’accueil se sont tournées vers les familles afin de leur demander de payer pour les journées où leur(s) enfant(s) n’avaie(en)t pourtant pas été pris en charge.

Ceci alors que la Fédération Wallonie-Bruxelles avait garanti aux parents, quelques jours plus tôt, le droit de ne pas payer pour ces journées et avait communiqué aux structures d’accueil de ne pas réclamer ces frais aux parents. Pourtant, de nombreux milieux d’accueil, faisant face à un risque réel et imminent de mettre la clé sous la porte, ont sollicité la contribution financière des familles.

Cet épisode est révélateur d’au moins deux éléments qui sont ici pointés par la Ligue des familles: les problèmes liés à la circulation des informations destinées aux familles, et ceux liés au financement du secteur de la petite enfance.

Les communications et les décisions prises par le niveau fédéral dans un premier temps et communautaires (dans un second) ont pu semer la confusion auprès des citoyen·ne·s et des familles. Ainsi, à titre illustratif, même plusieurs semaines après ces décisions de limitation de l’accès aux milieux d’accueil, le site officiel info-coronavirus.be indiquait toujours que « Les crèches et les gardiennes continueront à accueillir vos jeunes enfants (3 ans max.) normalement ».

Dans ce contexte, l’alignement de l’accueil réalisé dans le secteur scolaire avec celui de la petite enfance a pu donner de la cohérence et de la lisibilité quant aux décisions prises pour les familles. De même, la décision de la ministre Linard de stipuler rapidement que les parents n’étaient pas tenus de payer pour les jours où leur(s) enfant(s) n’avaient pas fréquenté de crèche est positive pour la Ligue des familles.

Toutefois, les interventions multiples ont parfois trahi un manque de coordination et/ou de concertation entre les ministres fédéraux et communautaires. Pragmatiquement, consulter le site de l’ONE ou de la Fédération Wallonie-Bruxelles n’est pas un réflexe pour la plupart des parents ; en outre, une fois sur ces sites, pour les familles qui possèdent les médias nécessaires pour les consulter, il n’est pas forcément aisé de dénicher et comprendre les informations s’y trouvant.

À l’heure de la profusion des informations et de leur fréquente falsification, une telle crise démontre la nécessité de prévoir des canaux de communication identifiés, accessibles, vérifiés et compréhensibles pour les parents concernant la petite enfance comme l’ensemble des autres matières directement dépendantes de la tutelle publique. Dans une période d’inquiétude et d’incertitude, le manque d’une vitrine de communication officielle, claire et accessible n’a pas facilité l’information des familles. Cette lacune devrait être comblée à l’avenir.

Sur la plan budgétaire, cet épisode alerte la Ligue des familles sur deux aspects au moins : le manque de moyens dont souffre le secteur de la petite enfance de manière structurelle –la crise en est ici un révélateur– et la difficulté, pour la Fédération Wallonie-Bruxelles, de libérer des moyens adéquats pour assurer la continuité de l’accueil même dans une période critique où son activité est jugée prioritaire et fonctionne à bas régime.

Il serait incompréhensible que le manque de deniers publics pour soutenir temporairement le secteur résulte en la fermeture de milieux d’accueil, alors que le manque de places est identifié depuis de nombreuses années comme un axe prioritaire de travail pour l’ONE, et qu’il est de notoriété publique que les candidats pour créer de nouvelles structures ne se bousculent pas au portillon.
 

 

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