Des nouvelles contraintes pour les moins de 12 ans. Une reprise très limitée des activités pour les ados. Et toujours rien pour les plus de 18 ans. Depuis l’annonce des dernières mesures concernant les activités de loisirs pour les jeunes, de nombreux parents ont interpellé la Ligue des familles pour témoigner de leur incompréhension, de leur inquiétude, de leur tristesse, voire de leur colère, en constatant le peu d’espaces sociaux laissés aux enfants et aux jeunes.
Pour la Ligue des familles, la santé des jeunes doit être au cœur des préoccupations gouvernementales, après plusieurs mois où leur bien-être a été constamment mis à l’arrière-plan. À trop laisser s’accumuler les conséquences négatives de la privation de relations sociales, l’addition sur la santé mentale pourrait être lourde à payer. Car les difficultés mentales et sociales d’aujourd’hui auront immanquablement des répercussions sur les jeunes et les adultes de demain.
Jouer avec ses ami·e·s, c’est se construire pour la vie
Les premiers flocons sont tombés. Mais les inquiétudes des parents, loin des joies hivernales, sont légitimement ancrées dans une autre réalité : « Bonjour, je suis maman d'une petite jeune fille TDA (Ndlr : Trouble déficitaire de l’attention). Elle parvient à maîtriser son énergie et à gérer ses débordements dans le sport... Oui, grâce aux activités extra-scolaires et à une alimentation adaptée, elle vit sans médication et là, je suis inquiète pour elle avec ces mesures ».
Ce message tiré de la page Facebook du Ligueur, à l’instar de nombreux autres, reflète la préoccupation importante des parents face à la réduction des loisirs des enfants. Mais aussi la place essentielle que ces activités occupent dans leur équilibre. Oui, faire de la danse, du théâtre, jouer de la musique, bricoler, voir des copains, sont des temps indispensables au bien-être et au développement des enfants. Et encore plus particulièrement pour ceux qui ont des besoins spécifiques. C’est que l’annonce des dernières mesures a jeté un froid.
Quand la limitation conduit à l’annulation
Scinder les groupes, multiplier les activités, trouver de nouveaux animateurs, de nouvelles animatrices, arriver à joindre les deux bouts financièrement… ces mesures sanitaires nouvelles conduisent de nombreux opérateurs d’activités à les annuler. Une situation terriblement frustrante pour les familles qui constatent avec désarroi que leurs enfants sont directement pénalisés par les conséquences de ces nouvelles règles.
Les nombreuses réflexions des parents que nous avons reçues sont le reflet de leurs interrogations et de celles des jeunes. Est-ce vraiment indispensable d’enlever des libertés aux plus petit·e·s et d’accroître encore les contraintes qui pèsent sur les parents en restreignant ces activités sur lesquelles ils comptent pour la prise en charge de leurs enfants ? Enfin, fallait-il mettre sur pied un système aussi complexe à appliquer et invérifiable ?
Le risque de la perte d’adhésion
Ces derniers jours, nous avons sondé le regard des parents sur ces mesures et deux enseignements se dégagent clairement. Le premier : avec plus de 2 200 répondant·e·s en quatre jours, le droit aux loisirs des enfants est sans surprise un sujet qui est au cœur de l’attention des familles. Le second : 56% des parents interrogés nous signalent ne pas prévoir de limiter le nombre d’activités par semaine de leurs enfants de moins de 12 ans, contrairement à la recommandation publique de ne plus en pratiquer qu’une.
Voilà un chiffre qui devrait interroger nos responsables politiques : le risque est réel, bientôt un an après le début du confinement, d’éroder encore l’adhésion des citoyen·ne·s aux mesures sanitaires par désaccord ou par incompréhension. À quoi sert une mesure qui n’est pas appliquée ?
Remettre le bien-être au centre du jeu
La santé n’est pas qu’une affaire physique, physiologique. La santé est aussi mentale et sociale. Depuis plusieurs mois, les mesures sanitaires ont conduit à restreindre fortement - voire complètement - les espaces de jeux et de rencontre des enfants comme des jeunes. À plusieurs reprises, des acteurs/actrices de terrain et des expert·e·s se sont exprimé·e·s pour souligner combien la souffrance des jeunes était importante et exigeait une réponse politique. Y a-t-il eu depuis une évaluation de ces mesures en regard de leur impact et des risques psychosociaux qu’elles font peser sur les enfants et les jeunes ? Ont-ils eu voix au chapitre ?
À l’heure où se profile de plus en plus une reprise de l’activité économique, il est grand temps que notre société leur permette de réinvestir ces espaces, indispensables à leur bien-être. Il est nécessaire de prendre en compte les besoins psychologiques et sociaux des enfants et des jeunes dans toute leur amplitude après une très longue période de privation totale ou partielle de relations quotidiennes.
Le droit aux loisirs, au sport, à la culture de l’enfant (consacré par l’article 31 de la Convention internationale des droits de l’enfant, dont la Belgique est signataire) est une composante fondamentale du développement de la jeunesse de notre pays. Qui a instamment besoin d’un autre horizon que la pente glissante de la solitude et de l’isolement.