Prise de position

En finir avec le harcèlement scolaire, c’est possible !
Cette période de pandémie nous rappelle que notre école est également confrontée à une endémie* depuis de (trop) nombreuses années. De fait, le harcèlement scolaire concerne, en Fédération Wallonie-Bruxelles, un élève sur trois. Pourtant, pas de vaccin, pas de testing pour lutter contre.
* Une endémie désigne la présence habituelle d'une maladie dans une région ou une population déterminée.
Peu a été fait depuis des années pour lutter structurellement contre le fléau du harcèlement scolaire. Ce n’est pas faute d’un phénomène qui ait été largement étudié. Depuis longtemps, les chercheurs et chercheuses ont exploré ce sujet et proposent des solutions pour y mettre fin. Ce qui a manqué, c’est surtout la volonté politique. La Ligue des familles a donc décidé de prendre le sujet à bras-le-corps.
Qu’est-ce que le harcèlement ?
Le terme de harcèlement fait référence à une diversité de comportements. Lorsque ces comportements sont à la fois répétitifs, nuisibles et généralement intentionnels, mettent en scène un rapport de force disproportionné et tendent à fixer celui-ci dans le temps, tout en induisant chez la victime un sentiment persistant d’impuissance, on parlera bien de harcèlement. Car, oui, ce phénomène se rapporte bien à une question de pouvoir. En l’absence du contrôle de l’adulte, certain·e·s élèves vont avoir recours à l’agressivité pour assoir leur autorité sur le groupe et se placer ainsi en situation dominante.
On a souvent tendance à voir le harcèlement comme un conflit d’humeur entre deux enfants, le harceleur et le harcelé. Pourtant, le harcèlement est bien une situation sociale et non simplement interpersonnelle. De fait, la répartition du pouvoir dans un groupe concerne tous les individus le composant. Ceci permet de mettre en avant l’importance d’un troisième acteur, les témoins, dans les situations de harcèlement. Ils permettent de cristalliser la situation de dominance en l’observant et adaptant leurs comportements aux nouvelles positions respectives de chacun dans le groupe (par exemple en ayant davantage de marque de respect pour le harceleur ou en ne tenant pas compte de l’avis et de la parole du harcelé).
Quelles solutions ?
Une meilleure organisation des cours de récréation en répartissant mieux l’espace disponible. Quand on ne prend aucune mesure, 80% de l’espace des cours de récréation est occupé par les 20% d’élèves qui jouent au football. En divisant la cour en trois espaces, trois zones de couleur (l’une pour jouer au ballon, une autre pour jouer en courant et une troisième pour les jeux calmes), on permet davantage à chaque enfant de trouver sa place et les études montrent qu’on peut limiter de deux tiers les violences.
Des espaces de parole régulés, animés par l’enseignant·e, au cours desquels les enfants apprennent à parler de ce qu'ils vivent et à gérer, sans violence, les conflits dans lesquels ils sont impliqués.
Lorsque cela ne suffit pas, un conseil d’éducation disciplinaire (composé de la direction, d’un·e représentant·e de l’équipe enseignante et d’un·e représentant·e de l’équipe éducative) chargé d’appliquer une sanction.
Quant au cyberharcèlement, en plus des différents outils ci-dessus, il est possible de mettre en place une application sur le gsm des élèves, cyberhelp, qui leur permet de faire une capture d’écran des messages ou photos envoyés par le ou les harceleurs et de les faire immédiatement parvenir aux autorités scolaires.
Comment y arriver ?
Certaines écoles sont particulièrement volontaristes en la matière et appliquent déjà des outils de ce type. Mais ça ne peut pas dépendre des écoles : chaque enfant doit avoir le droit de poursuivre sa scolarité dans les meilleures conditions, sans craindre de violences physiques ou verbales, quelle que soit son école. La Fédération Wallonie-Bruxelles, en tant que pouvoir régulateur, peut inscrire cette obligation dans les missions des établissements d'enseignement.
Pour la Ligue des familles, il faut donc un cadre légal qui contraint toutes les écoles à mettre en place ce dispositif dans les deux ans, ainsi qu’un contrôle de cette obligation par les services d’inspection, et une sanction si ce n’est pas le cas (par exemple, un gel de ses subsides à hauteur de 5% de son financement), jusqu’à ce qu’elle se mette en règle.
Il est en effet indispensable d’être particulièrement volontariste en la matière si l’on veut mettre un terme à ces souffrances des jeunes.