Communiqué de presse

CP - Il faut assurer la survie des crèches sans faire payer les parents

Communiqué de presse commun UNESSA – Ligue des Familles

À partir de lundi prochain, le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles met fin aux compensations financières « covid-19 » pour les crèches. Les milieux d’accueil se retrouvent à nouveau dans l’incertitude financière et les parents qui ne remettent pas leurs enfants en crèche doivent à nouveau la payer. UNESSA et la Ligue des familles réclament d’urgence la prolongation de la mesure actuelle qui dispense les parents du paiement sans justification et le maintien des compensations financières pour les milieux d’accueil, au-delà du 18 mai.

Le 23 avril, le secteur de l’accueil de la petite enfance poussait un ouf de soulagement. Le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles avait enfin accordé des compensations financières aux crèches couvrant, en partie seulement, la chute de leurs revenus, consécutive à la baisse de leur fréquentation due au Covid-19 (les parents dont les enfants n’étaient pas en crèche étant exceptionnellement dispensés de participation financière). Il était temps, plusieurs crèches connaissent une situation budgétaire très précaire mettant leur survie en question (lire le communiqué d’UNESSA du 23 avril). Les premières compensations ont été versées, l’impact global de la mesure est toujours en cours d’évaluation.

Crainte, incertitude et incompréhension

Soulagement de très courte durée cependant. La Fédération Wallonie-Bruxelles a annoncé la fin des compensations pour le 18 mai prochain. UNESSA insiste : ces compensations restent vitales pour beaucoup de crèches en difficulté, au moins jusqu’au retour à la normale de leur fréquentation. Celle-ci sera loin d’être garantie le 18 mai ou dans les semaines suivantes. UNESSA l’espère au mieux pour septembre, si tout va bien.

Le problème se pose aussi du côté des parents:  Si certains parents ont pu reprendre le travail ou travailler de manière un peu plus sereine grâce à la réouverture des crèches, d’autres ont de bonnes raisons de ne pas y mettre leurs enfants : « Certains parents nous le disent clairement : ils ont peur de remettre leur bébé en crèche. » explique Christophe Cocu, Directeur général de la Ligue des familles. « D’autres sont de toute façon contraints de garder à la maison un autre enfant qui ne rentrera pas à l’école. D’autres encore sont au chômage temporaire. Et parfois, des membres du ménage sont des personnes à risque. Nous sommes au tout début de la période de déconfinement, la situation sanitaire reste précaire, on ne peut pas demander aux parents de tous remettre leurs enfants à la crèche comme si de rien n’était. »

D’autant que le Gouvernement explique à la fois qu’il est trop risqué de rouvrir les classes de maternelles… et qu’il faut faire payer les parents qui ne veulent pas remettre leurs enfants en crèche ! Pour la Ligue des familles, c’est incompréhensible.

Par ailleurs, le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles recrée de l’incertitude dans les milieux d’accueil. « Le Gouvernement fait peser sur les crèches, la responsabilité de redemander aux parents de payer pour l’accueil de leurs enfants, même si ceux-ci n’y sont pas. Ce n’est pas aux crèches d’assumer cette décision. Elles ne le souhaitent d’ailleurs pas car ce serait illogique dans le contexte actuel et cela risque de compliquer leurs relations avec les parents. » déclare Christophe Happe, Directeur général d’UNESSA qui ajoute : « Malgré toutes les mesures de prévention adoptées dans les milieux d’accueil et le professionnalisme des accueillantes, nous comprenons tout à fait les parents ne souhaitant pas remettre leurs enfants en crèche. Mais sans leurs participations financières et sans compensations de la Fédération Wallonie-Bruxelles, la précarité de la situation des crèches va perdurer, voire se creuser, mettant en danger leur survie. »

Cellule de veille

En corollaire à la suppression des compensations financières, le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a annoncé la mise sur pied d’une cellule de veille au sein de l’ONE, à l’intention des milieux d’accueil de la petite enfance. Il s’agirait d’un groupe de monitoring de la situation des différents milieux d’accueil pour en garantir la viabilité et l’accompagnement.

« C’est en soi une bonne nouvelle. Toutefois ce monitoring ne devrait se concrétiser que par un état des lieux du secteur remis au Gouvernement le premier juin prochain ! Dans l’intervalle comment font les crèches pour s’en sortir financièrement ? », s’interroge Christophe Happe qui poursuit : « En outre, quand seront prises les mesures concrètes liées aux constats mis en évidence dans cet état des lieux ? Il n’y a pourtant pas de temps à perdre. Il serait aberrant de voir des crèches mettre la clé sous la porte pour raisons financières alors que certaines régions du pays sont en pénurie de places d’accueil. »

Demandes communes

A l’heure où la survie des crèches est en jeu, UNESSA et la Ligue des Familles formulent plusieurs attentes :

  • Le maintien des compensations liées à la perte de la participation financière des parents pour les crèches au-delà du 18 mai et au moins jusqu’à un retour à la normale de leur fréquentation.
  • Une concertation accrue avec les acteurs de terrain et leurs fédérations représentatives au sein de la cellule de monitoring de l’ONE.
  • La suspension d’office du versement de la participation financière pour les parents ne souhaitant pas remettre leurs enfants en milieu d’accueil à partir du 18 mai prochain.

La Ligue des Famille a pour ambition une société adaptée aux réalités des familles, qui prend en compte les attentes des parents. Pour y arriver, la Ligue des familles entend transformer la société sur les enjeux de toutes les familles, avec les parentalités comme angle d’attaque privilégié. Pour cela elle met en œuvre 3 modes d’action : l’action citoyenne et politique qui impacte les normes législatives et sociales, les services qui facilitent le quotidien des parents, sur base de leurs besoins identifiés, l’information qui éclaire les familles, met en relation leurs expériences, propose de l’expertise sur les sujets qui permettent de mieux vivre la parentalité au quotidien et alimente le débat sur les sujets de société plus larges. La Ligue des familles a pour optique d’avoir un maximum d’impact sur le quotidien des familles, elle est aussi un mouvement de masse, qui compte 35 000 familles membres et des milliers de volontaires en Belgique francophone. 

UNESSA fédère 900 structures actives dans l’accueil, l'accompagnement, l'aide et les soins aux personnes du secteur associatif privé, à Bruxelles et en Wallonie. La fédération est en première ligne pour représenter et défendre les intérêts d’hôpitaux, de MR(S), d’institutions de santé mentale, d’initiatives d’accueil pour personnes en situation de handicap, des milieux d'accueil de la petite enfance, des services de promotion de la santé à l’école, de plannings familiaux, des structures d'aide à la jeunesse, d'initiatives d'aide à l'insertion socioprofessionnelle et d'économie sociale… Au quotidien, les équipes d’UNESSA s’engagent pour le futur de l’ensemble de ces structures, pour les 56.000 personnes qui y travaillent et, avant tout, pour garantir l’accès le plus large possible, et sans condition, de la population à de l’accueil, de l’accompagnement, de l’aide et des soins de santé de haute qualité.

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