Analyse

Congé de maternité : un droit à géométrie variable

Il y a un mois et demi, Valérie est devenue maman pour la deuxième fois. Aujourd’hui, après seulement neuf semaines passées avec son bébé, elle doit déjà retourner travailler, et confier son bébé à la crèche. Pourquoi un retour si rapide ? Ce n’est pas un choix. Pour comprendre, il faut revenir en arrière : enceinte de sept mois et demi, Valérie a dû rester alitée jusqu’au terme de sa grossesse, en raison d’un risque d’accouchement prématuré. Elle a donc dû arrêter son activité professionnelle. Résultat: son congé de maternité postnatal a été réduit d’autant de semaines. Cette situation concerne une femme enceinte sur dix.

En Belgique, alors que le congé de maternité est un des plus courts de l’Union européenne, si vous tombez malade durant les six semaines qui précèdent la date prévue de l’accouchement, ces jours sont automatiquement convertis en congé de maternité. La loi crée ainsi un congé de maternité à deux vitesses, récompensant les femmes qui ont pu travailler jusqu’au bout.

Cette législation pose de nombreux problèmes, à commencer par une inégalité de traitement entre les mères en bonne santé et celles qui le sont moins. Mais aussi entre les nouveau-nés qui passent plus ou moins de temps avec leur mère. Rien ne justifie pourtant que ces moments soient conditionnés sur base de l’état de santé durant la grossesse.

Le dispositif actuel a aussi pour conséquence de faire porter aux femmes la responsabilité du temps qu’elles passeront avec leur bébé en dépit de leur santé et de leur bien-être : elles ne doivent en aucun cas tomber malade pendant les six semaines fatidiques !

Cela génère un stress accru alors qu’elles sont déjà au cœur d’une période particulièrement intense en émotions, entre responsabilité de mettre leur bébé au monde et découverte de la maternité, d’une nouvelle configuration familiale…

En outre, des problèmes d’organisation se posent également puisque les parents n’ont pas toujours de solution si le congé de maternité est raboté, dans un contexte où les places en milieux d’accueil sont rares.

Plusieurs propositions de loi ont été déposées depuis le début de la législature afin de remédier à cette situation. Ce 18 décembre 2019, le Conseil National du Travail a rendu un avis unanimement positif pour mettre fin à la discrimination dont sont victimes les femmes enceintes malades. Les partenaires sociaux se sont engagés à élaborer, au premier semestre 2020, une proposition concrète afin de réaliser cet objectif. Il est temps de permettre à toutes les mères, salariées, indépendantes, fonctionnaires, en forme ou pas pendant la grossesse, de passer au minimum 14 semaines avec leur enfant. La Ligue des familles estime qu’il doit s’agir d’un droit pour toutes les mères et appelle le prochain formateur du Gouvernement fédéral ainsi que les députés fédéraux à faire aboutir ce dossier au plus vite.
 

 

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