Analyse

Résumé
À quelles conditions une scolarisation précoce fait-elle reculer les inégalités scolaires ?
Une socialisation précoce des élèves dans l’enseignement maternel peut produire de nombreux bénéfices. Ceux-ci sont tant personnels, en termes de bénéfices cognitifs et intellectuels pour les enfants, que collectifs, parce qu’un encadrement précoce améliore les résultats socio-émotionnels et freine, à certaines conditions, la relégation scolaire. A long terme, une scolarisation précoce améliore l’accès à l’emploi de qualité et augmente le niveau de rémunération, protège les plus désavantagés des risques de désocialisation, et est bénéfique pour la santé publique.
Dans ce cadre, un consensus de plus en plus fort se forme sur l’idée de faire passer l’âge de l’obligation scolaire de 5 à 3 ans. Pour la Ligue des familles, si toute mesure qui permet une socialisation plus précoce est utile, des conditions sont à respecter pour qu’une socialisation précoce atteigne les bénéfices escomptés. Une socialisation précoce produira des bénéfices si l’accueil est de haute qualité, si les qualifications professionnelles, la formation continue et l’accompagnement des instituteurs sont renforcées, et si des mécanismes favorisent la mixité sociale dès le maternel.
L’arsenal des conséquences possibles du non-respect de l’obligation scolaire est également lourd : mise à l’amende des parents, voire emprisonnement dans certaines circonstances. La prévention, l’accompagnement et la lutte contre les causes de la non-fréquentation scolaire en maternelle sont à privilégier à la pénalisation des parents.
La Ligue des familles est favorable à l’avancement de l’obligation d’inscription scolaire à trois ans, avec mesures d’accompagnement. Une obligation de fréquentation pourra être envisagée dans un second temps, si cela s’avère nécessaire, après évaluation. En parallèle, des mesures pour comprendre les causes de la non fréquentation scolaire et agir à la racine des problèmes sont nécessaires : amélioration de la qualité du milieu scolaire et lutte contre les maltraitances scolaires, application réelle mais aussi renforcement de la gratuité scolaire en maternelle, inclusion des familles populaires à la démocratie scolaire par le soutien à la création d’associations de parents et l’association du tissu associatif autour de l’école.
Une scolarisation précoce n’est pas le seul facteur de lutte contre les inégalités scolaires. En parallèle, les pouvoirs publics doivent pouvoir continuer à prendre à bras le corps la lutte contre la culture du redoublement, la relégation vers le spécialisé ou celle vers le qualifiant.