Prise de position

"Mes enfants ont été trois semaines à l’école depuis début décembre". Cette phrase, ou une variation sur la même thématique, nous l’avons toutes et tous entendue dans la bouche des parents d’enfants scolarisés, singulièrement ceux de l’enseignement primaire.
Les règles de fermeture de classes, elles, changent en permanence, suivant les variants, les Codeco et les concertations des ministres de l’Enseignement. Au moment d’écrire ces lignes, la règle est qu’il n’y a plus de fermeture de classes suivant le nombre de cas, et ce quel que soit le niveau : maternel, primaire ou secondaire. Cependant, il est toujours possible de fermer une classe ou une école pour des raisons organisationnelles : trop d’enseignant·e·s malades ou en quarantaine, par exemple.
Mais, nous le savons, depuis le début de la crise sanitaire, l’adaptation est le maître mot des mesures de gestion de la pandémie. Les règles de fermeture de classes ont connu au moins quatre versions différentes en janvier. Les profs et les directions n’en peuvent plus, à raison, des changements, des malades, des quarantaines, de devoir s’adapter. Mais qu’en pensent les parents ?
Dans un sondage mené en ligne par la Ligue des familles*, 68% des parents accueillent favorablement la fin de la fermeture des classes dès quatre cas, décidée fin janvier. Et on peut le comprendre, puisque 41% des parents ont fait face à une fermeture de classe ou de crèche d’un enfant en janvier 2022, et 55% depuis le mois de septembre. Avec, à la clé, des difficultés majeures à assurer la garde de leurs enfants tout en travaillant. 77% des parents se disent épuisés par cette situation, 83% agacés, 57% dépassés. Ils sont aussi très nombreux à craindre pour leur santé mentale (64%) et pour celle de leurs enfants (59%). Enfin, 60% sont inquiets pour la scolarité de leurs enfants.
Mais comment font les parents lorsqu’une classe ferme ou qu’une quarantaine est décrétée ?
D’abord, les parents télétravaillent tout en s’occupant de leurs enfants (41%). En commentaire libre, un parent résume la situation : « Mauvais pour la scolarité de mon enfant, mauvais pour mon travail qui avance moins, mauvais pour mon sommeil et mes nerfs, car je dois alors tirer sur la corde ».
Ensuite, les parents confient l’enfant aux grands-parents (37%), qui sont, pour 74% d’entre eux, âgés de plus de 64 ans. Ce qui ne manque pas d’interpeller alors qu’un des objectifs de la fermeture des classes est de protéger les personnes les plus à risques.
Et puis, les parents utilisent leurs jours de vacances annuelles (36%), ce qui devient de plus en plus problématique : 27% des familles ont été confrontées à trois fermetures de classe ou plus depuis la rentrée de septembre, en plus de l’allongement des vacances de Noël. De quoi occuper la totalité des quatre semaines légales de vacances annuelles en seulement quelques mois, hors vacances scolaires.
La fin des fermetures de classes, quel que soit le nombre de cas covid, est donc logiquement largement soutenue par les parents (68%). Au contraire, 18% des parents auraient souhaité une fermeture complète des écoles le temps que la situation sanitaire s’améliore.
Que faire maintenant ?
Presque 4 parents sur 5 (78%) réclament un congé rémunéré à 100% pour s’occuper de leurs enfants en cas de fermeture de classe ou de quarantaine, nous sommes loin des 70% du salaire, plafonné, auquel donne droit le chômage temporaire pour fermeture de classe. Au-delà de cela, les parents sont très nombreux à évoquer en commentaire la politique de testing - certains souhaitant un testing massif dans les écoles, d’autres, au contraire, qu’on arrête de tester les enfants, estimant à tout le moins que si autotests il doit y avoir, ils doivent être accessibles gratuitement.
* Méthodologie : sondage en ligne mené par la Ligue des familles du 26 au 28 janvier 2022, auprès de 1 380 parents ayant au moins un enfant en crèche ou dans l’enseignement fondamental.