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81% des parents qui n’ont pas encore pris de congé parental en prendraient un s’il était mieux payé
La faible rémunération du congé parental (879€/mois) est apparue dans le dernier Baromètre des parents (sondage Ipsos) comme l’une des préoccupations majeures des parents. Dans une enquête menée auprès de 1631 parents[1], la Ligue des familles a voulu comprendre quelles difficultés ils rencontraient à ce sujet, ce qu’ils attendaient et si un congé parental porté à 1500€ le premier mois, comme première étape, pourrait déjà améliorer leur situation.
Le congé parental est actuellement très mal payé : 879€/mois en cas d’interruption complète du travail. Pas de quoi faire vivre une famille et un véritable frein à recourir à ce dispositif. À l’heure actuelle, on peut clairement qualifier notre régime de congés familiaux de système de « luxe », car la faible rémunération de ces congés exclut un grand nombre de parents.
La Ligue des familles a soumis aux parents interrogés une hypothèse : un congé parental rémunéré 1500€ le premier mois (2000€ pour les familles monoparentales), puis les autres mois au forfait actuel (879€), comme étape vers une meilleure rémunération des congés familiaux. 81% des parents qui n’ont pas encore pris de congé parental recourraient alors à ce congé.
Les parents avaient la possibilité de laisser un commentaire libre et ils sont très nombreux à y avoir exprimé le soulagement financier que cette augmentation représenterait pour eux :
« Je ne prends pas de congé parental temps plein à cause du montant de 879€ - je perds plus de 1600€ par mois si j'arrête de travailler pour ce type de congé parental. Ça représente un budget mensuel énorme. Ma perte de salaire ne sera jamais comblée. »
« Je trouve ça beaucoup plus humain et adapté à la réalité. Avec 879€ on peut à la limite acheter de la nourriture et payer peut-être une ou deux factures pour une famille de quatre, mais pas plus. »
« Cela permettrait d'amortir le choc lié aux charges récurrentes (prêt hypothécaire). Actuellement, nous devons "provisionner" pour ce congé afin d'en profiter. »
Parmi les parents qui indiquent qu’ils ne prendraient tout de même pas le congé parental (7%) si le 1er mois était payé 1500€, la plupart (58%) indiquent que c’est parce que ce congé resterait trop mal payé.
« Je travaille à mi-temps. Même si cette augmentation serait mieux que rien, cela reste une perte sèche trop importante pour se le permettre, surtout sur plusieurs mois ».
[1] Cette enquête a été réalisée par Internet du 17 au 27 juillet 2023 auprès de 1631 parents ayant au moins un enfant de zéro à douze ans (ou 21 ans en cas d’enfant en situation de handicap).
Si le congé parental était payé 1500€, la moitié des parents qui y recourent auraient moins de difficultés financières
Pour la grande majorité des parents qui ont déjà recouru au congé parental, l’augmentation de la rémunération de ce congé aurait amélioré significativement leur vécu pendant cette période : ils auraient eu moins de difficultés financières, auraient pris un congé parental plus long, auraient opté pour un congé à temps plein ou mi-temps au lieu d’1/5e ou 1/10ème temps, ou encore cela aurait changé les équilibres dans le couple en favorisant le recours à ce congé pour l’autre conjoint. Seuls 9% des parents indiquent que cela n’aurait rien changé.
48% des parents indiquent qu’ils auraient eu moins de difficultés financières. C’est davantage encore le cas des familles monoparentales (62%).
Améliorer la rémunération du congé parental permettrait d’éviter d’autres dépenses de sécurité sociale ou pour les employeurs, comme en témoignent plusieurs parents, dont cette maman qui a été plusieurs fois en arrêt maladie suite à la naissance de ses enfants :
« J'ai trois enfants et j'ai pris le congé parental complet pendant un mois après la naissance de mon premier, mais plus jamais après, car ce n'est pas vivable. Donc j’ai eu un prolongement pour maladie dans les autres cas, je dois l'avouer, et donc au moins pas de perte de revenus. »
« Dans mon entourage certains papas ont préféré se déclarer en maladie pour conserver leur salaire plein. »
Parmi les 33% de répondant·e·s qui indiquent que leurs conjoint·e·s y auraient davantage recouru, on retrouve une écrasante majorité de femmes. Améliorer la rémunération du congé parental est un levier majeur pour accroître le recours des hommes à ce type de congé et améliorer la répartition des tâches familiales entre hommes et femmes.
Sans rémunération suffisante, le congé parental contribue à renforcer les inégalités entre les femmes et les hommes
Les femmes restent majoritairement en charge des tâches ménagères et des enfants, malgré leur arrivée massive sur le marché du travail. À la naissance d’un enfant, ce sont en grande partie les femmes qui supportent les ajustements nécessaires pour assurer la combinaison entre responsabilités professionnelles et familiales : elles interrompent leur activité professionnelle, réduisent leur temps de travail ou s’orientent vers des fonctions proposant plus de flexibilité.
Le congé parental reste en grande majorité utilisé par les femmes
En 2022, à peine 5000 pères ont pris un congé parental à temps plein ou à mi-temps alors que les mères étaient 4 fois plus nombreuses. L’écart se réduit pour le congé parental à 1/5e temps et disparaît presque pour celui à 1/10e temps, qui implique une moindre perte de salaire.
Pour un congé parental à 1500€
Comme première étape vers une meilleure rémunération des congés parentaux, la Ligue des familles appelle dès lors à porter la rémunération du 1er mois de congé à 1500€ (2000€ pour une famille monoparentale).
La rémunération des congés parentaux est la pierre angulaire de leur effectivité. Notre Baromètre des parents montre que les parents à bas revenus sont également ceux qui ont le moins de jours de vacances annuelles, le moins accès au télétravail, qui n’ont droit à aucun jour de congé enfant malade. Et ce sont aussi les premiers pénalisés par la faible rémunération du congé parental.
Augmenter cette rémunération est donc une mesure indispensable pour permettre à chaque parent d’avoir accès aux dispositifs de conciliation entre travail et vie de famille. Ca doit une priorité d’action du prochain gouvernement et la Ligue des familles appelle les différents partis à exprimer leurs positions quant à cette mesure.
Plus de 356 parents sur les 1631 interrogés dans cette enquête ont souhaité laisser un commentaire relatif à la perte financière liée au congé parental. Extraits :
« J'ai trois enfants et je n'ai pris qu'une fois un congé parental d'un mois après l'accouchement de mon 3e enfant, car je trouvais mon bébé trop jeune pour commencer la crèche. Je n'ai pas pu le prolonger car financièrement, cela était impossible. Cet été, j'ai tenté de prendre des congés parentaux par semaine (une semaine en juillet et deux en août) en espérant moins ressentir cette différence salariale mais cela est une grande source de stress alors que je devrais être heureuse de partager plus de temps avec ma famille. »
« C'est un congé nécessaire, mais la rémunération actuelle empêche de le prendre – elle ne compense pas du tout la perte de salaire. Ce n'est donc possible que pour des couples dans des situations privilégiées mais il est indispensable aussi pour les autres familles, qui n'y ont pas accès. »