Prise de position
Outre ses inquiétudes sur le fait que les économies décidées par le gouvernement Degryse (MR-LE) fauchent en milieu ou en fin de parcours des élèves qui s’étaient destinés depuis longtemps à achever leurs études par une 7e Technique de Qualification ou Professionnelle, la Ligue des familles se préoccupe vivement de l’impact financier pesant sur ces familles, du fait de l’exclusion des élèves ayant obtenu un CESS de l’enseignement secondaire qualifiant.
La Ministre Glatigny propose actuellement à ces jeunes de poursuivre dans la promotion sociale ou les formations régionales (IFAPME, FOREM). Or, il est aujourd’hui impossible d’accéder à une bourse d’étude quand on suit l’enseignement de promotion sociale.
Qualifiant : des familles particulièrement exposées aux difficultés financières
Ce n’est pas un secret : l’enseignement belge francophone est l’un des plus inégalitaires – et reléguant - au monde. De ce fait, de très nombreuses familles dont les élèves fréquentent l’enseignement secondaire qualifiant éprouvent des difficultés financières significatives. Une récente étude de la Ligue des familles auprès de 4000 parents montre que la proportion de familles témoignant d’un besoin d’aide financière ou bénéficiant d’une bourse d’études est deux fois plus importante dans le qualifiant que dans le général. 36% des familles du secondaire général témoignent avoir besoin d’une aide au financement des études, contre 64% dans le qualifiant.
L’enseignement secondaire qualifiant est déjà particulièrement plus onéreux que l’enseignement général, du fait des frais spécifiques élevés d’équipement personnel et d’outillage qui peuvent être exigés. Pourtant, les récentes mesures décidées (1) obligent les élèves exclus du qualifiant à se reporter vers des alternatives de formation potentiellement plus chères encore. La promotion sociale et l’IFAPME peuvent en effet demander un minerval aux élèves en formation, et les règles encadrant et limitant les frais scolaires dans l’enseignement secondaire ne s’y appliquent pas. Pire encore : les bourses d’études auxquelles les élèves ont accès en secondaire ne sont pas accessibles à en promotion sociale et dans la formation régionale.
(1) Non possibilité de réinscription des élèves majeurs décrocheurs en 3e et 4e secondaire ; impossibilité des élèves ayant achevé leur 6e technique de qualification de poursuivre une spécialisation dans une 7e secondaire du fait qu’ils ont décroché un CESS.
Il est urgent d’intégrer la promotion sociale au système des bourses d’études
Sans décision contraire du gouvernement Degryse, les élèves boursiers exclus de leur 7e qualifiante seront également automatiquement exclus de leur droit à une bourse d’études en aout prochain. Ce serait une double peine pour ces jeunes et leurs familles.
Or, en 2021, les partis formant actuellement la majorité en Fédération Wallonie-Bruxelles, Mouvement Réformateur et Les Engagés, avaient cosigné une résolution appelant à inclure l’enseignement de promotion sociale dans le système des bourses d’études(1). Cet engagement n’a jamais été mis en œuvre. Alors que cette urgence est cruciale aujourd’hui, la Ligue des familles appelle le gouvernement Degryse (MR-LE) à mettre en œuvre cette résolution et à ouvrir les bourses d’études à l’enseignement de promotion sociale (bientôt dénommé : enseignement pour adultes).
(1)https://www.pfwb.be/documents-parlementaires/document-dg-ppr-001700035
On n’exclut pas des élèves au milieu de leur parcours
"Lorsqu’on ferme l’accès à un chemin en travaux, on annonce le cul-de-sac au début du chemin et non au bout, quand il n’est plus possible de faire demi-tour."
Personne ne conteste l’intérêt de clarifier les périmètres des acteurs d’enseignement ou de formation pour éviter les doublons. Mais un problème majeur des décisions prises récemment est qu’elles ne s’appliquent pas aux promotions futures, mais bien directement à des élèves qui sont actuellement au beau milieu de leur parcours scolaire dans le qualifiant !
Les jeunes aujourd’hui en 4e, 5e ou 6e technique de qualification et qui dès le début de leur orientation se destinaient à cette 7e technique ou professionnelle se voient barrer immédiatement l’accès à la suite de leur parcours. On ne devrait pas changer les règles en cours de route.
Le gouvernement annonce une recherche d’alternatives de formation viables via un cadastre à réaliser ce printemps. Mais pour les familles, l’incertitude est totale. C’est le sentiment d’une épée de Damoclès qui pèse sur leurs têtes : la détermination de ce qu’est une alternative « possible » ou « souhaitable » dépend ainsi d’une négociation à venir, alors que les mesures d’économie et d’exclusions, elles, ont déjà été coulées dans un décret.
La Ligue des familles est contactée par des parents inquiets de décisions annoncées, inquiets pour l'avenir de leurs ados dont le parcours est fauché en cours de route et qui n'ont aujourd'hui aucune certitude ou assurance sur la suite. Y aura-t-il une alternative à leur formation subitement arrêtée ? On ne sait pas. Quelles garanties en termes de distance ou de durée des formations ? On ne sait pas. Vont-ils devoir payer plus cher leur formation encore, tout en perdant le droit à la bourse ? Pour l’instant, oui…
Que les périmètres de l’enseignement soient réformés pour le futur : c'est légitime. Mais pas en mettant une épée de Damoclès sur ces jeunes en cours d’études.
Une période transitoire et l’accès aux bourses d’études
Pour ramener de la sérénité dans le monde de l’enseignement, la Ligue des familles appelle le Gouvernement Degryse à
- Assurer aux élèves qui sont actuellement déjà bien avancés (en 4e, 5e, 6e…) une période de transition, permettant à ces élèves d’achever leur parcours en 7e tel qu’ils s’y étaient engagés
- Assurer le maintien de l’absence de frais d’inscription à la formation alternative à la spécialisation qualifiante
- Monitorer les couts de fréquentation des structures alternatives de formation (outre le minerval)
- Mettre en œuvre la résolution de 2021 et ouvrir l’accès aux allocations d’études à l’enseignement de promotion sociale.