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Depuis le 1er juillet, 8% des voitures ne peuvent plus rouler à Bruxelles. 17% supplémentaires suivront en 2025. Or l’offre de mobilité pour les familles, qui restent de grandes utilisatrices de la voiture, ne suit pas. La Ligue des familles appelle à mettre en adéquation le développement des alternatives à la voiture pour les familles et le calendrier de la LEZ.
Les familles recourent beaucoup plus à la voiture que les Bruxellois sans enfants
Une nouvelle étape de la « zone de basse émission » bruxelloise (LEZ) vient d’entrer en vigueur. Depuis le 1er juillet, la circulation des véhicules diesel Euro 4 (8% des voitures bruxelloises) est interdite dans la capitale. De nouvelles échéances suivront en 2025 (17% des voitures), 2028, 2030 et 2035. Si un Bruxellois sur deux n’a pas de voiture, c’est loin d’être le cas des familles : 80% des ménages avec enfants en possèdent au moins une. Et plus la famille compte d’enfants, plus le recours à la voiture augmente.
Les familles avec enfants sont donc parmi les ménages les plus concernés par les interdictions actuelles et futures liées à la LEZ. Positivement, car la diminution de la pollution est d’autant plus importante pour les personnes vulnérables comme les enfants. Mais aussi négativement, car les alternatives à la voiture étant plus réduites pour les familles avec jeunes enfants, de nombreuses familles vont se retrouver contraintes d’acheter une nouvelle voiture.
Les familles largement prêtes à adopter d’autres modes de déplacement si les conditions s’améliorent
Dans une enquête de la Ligue des familles réalisée auprès de 1 700 parents, 8 parents sur 10 se déclarent prêts à emprunter davantage les transports en commun et 7 sur 10 le vélo si ces modes de déplacements sont rendus plus accessibles et sécurisés. De plus en plus de parents se déplacent d’ailleurs déjà en transports en commun ou à vélo. Mais la possibilité de le faire dépend fortement de la situation personnelle (distance domicile-crèche-école(s)-lieu de travail, aide pour les enfants…) et des infrastructures à proximité (desserte de transports en commun, parking pour vélo…).
Au rythme actuel, il faudra encore 18 ans pour que tous les arrêts de transports en commun dits « prioritaires » soient adaptés aux poussettes
Il est nécessaire de permettre à davantage de familles de s’en sortir au quotidien sans la voiture. La Ligue des familles a dès lors examiné les échéances prévues pour rendre les alternatives à la voiture davantage praticables pour les familles :
- Accessibilité des transports en commun aux familles avec poussette :
La STIB a identifié 700 arrêts « prioritaires » à rendre accessibles aux personnes à mobilité réduite et poussette. Parmi ces arrêts « prioritaires », 31 ont été adaptés en 2020 et 37 en 2021*. Si, en moyenne, 35 arrêts prioritaires sont aménagés chaque année, il faudra encore 18 ans avant que la liste soit épuisée : nous serons en 2040. A chaque échéance de la LEZ d’ici là, les arrêts « prioritaires » ne seront toujours pas accessibles aux parents avec poussette. A noter qu’il faut encore ajouter à cela les arrêts moins prioritaires et les véhicules.
- Parkings vélos :
Le « MasterPlan stationnement vélo » ne mentionne pas d’objectifs chiffrés ni d’échéances précises. Or difficile pour des familles qui vivent en appartement ou sans garage d’entreposer chez elles des vélos pour toute la famille et/ou un vélo cargo. L’offre de parkings en rue reste également insuffisante : on compte 8000 personnes sur liste d’attente. Quant à l’offre de parkings pour les vélos cargo familiaux, elle est quasi inexistante.
- Offre de mobilité partagée :
Les Villo et Cambio ne comprennent pas de sièges enfant et ne sont donc pas adaptées aux déplacements en famille (difficile pour un parent de se déplacer systématiquement avec enfants, sièges enfants, poussette, sacs… quand il a besoin d’une voiture). Il n’y a pour l’heure pas de calendrier prévu pour l’adaptation de ce mode de transport.

« A l’heure actuelle, pour les familles qui doivent abandonner leur voiture suite à l’interdiction des véhicules Euro 4 depuis ce 1er juillet, la plupart des arrêts de transports en commun ne sont donc toujours pas accessibles, les parkings pour vélos familiaux restent quasi inexistants, les parkings pour vélos tout court sont insuffisants pour répondre à la demande, et les bornes de recharge pour véhicules électriques restent très rares. De nombreuses familles seront donc contraintes de racheter une voiture essence ou diesel, qui leur coûtera cher et qui ne pourra à son tour plus rouler dans quelques années. »
La Ligue des familles demande autant d’ambition pour le développement des alternatives à la voiture que pour la LEZ.